Essai Cupra Formentor eHybrid : sacré cap

Face de squale, présentation modernisée et mécaniques hybrides rechargeables à grande autonomie : le Formentor, star de Cupra, met le paquet pour son restylage.
Face de squale, présentation modernisée et mécaniques hybrides rechargeables à grande autonomie : le Formentor, star de Cupra, met le paquet pour son restylage.
Quand on aime, on ne compte pas. Cupra le démontre avec le Formentor, son SUV taille basse devenu méconnaissable. Arrivé à mi-carrière, le voilà pourvu d'un nez de requin, de logos lumineux très tendance et d'un éclairage entièrement repensé ; des évolutions esthétiques nombreuses et couteuses. Mais le Formentor tient une place de choix dans le cœur des décideurs : il représente à lui tout seul 60 % des ventes de Cupra en France, et à peu près autant en Europe. Il contribue donc généreusement à la prétendue réussite de cet ancien département sportif de Seat, devenu une marque à part entière depuis six ans seulement, et que les équipes marketing définissent comme "access premium", c'est-à-dire porte d'entrée vers le haut de gamme. Cupra dégage de belles marges et ses volumes de ventes se rapprochent toujours plus de celles de Seat, justement, qui de son côté réalise des marges nettement plus tenues. Voilà pourquoi Cupra, actuellement, dispose d'un plan produit plein comme un œuf, quand celui de Seat apparaît morne, atone.
Le Formentor profite pleinement de son statut et, derrière sa nouvelle face de squale, mord a pleine dents des mécaniques revues et susceptibles de satisfaire tout le monde, même si le 5-cylindres de la version VZ5 avait disparu depuis déjà quelques mois.
On retrouve donc des moteurs essence et diesel, et différents niveaux d'électrification, dont notre version hybride rechargeable (PHEV) d'essai revendiquant plus de 100 kilomètres d'autonomie électrique ; un rayon d'action encore rarissime dans le secteur. Pour arriver à un tel résultat, le locataire du compartiment moteur a changé. Exit le 1.4 TSI électrifié 245 ch et sa batterie de 13 kWh, bienvenue au 1.5 TSI qui, lui, fonctionne en binôme avec un bloc électrique alimenté par un accumulateur de 25,8 kWh de capacité. Ce dispositif, amené à se déployer sur de nombreux modèles du groupe Volkswagen, se targue aussi d’une puissance de charge portée à 50 kW, pour repartir d’une belle pause café sur autoroute avec le réservoir (40 litres) et la batterie (26 minutes pour atteindre 80 %, 38 min pour 100 %) tous deux remplis.
Ce Formentor nous aura permis, sans le moindre effort d’éco-conduite, de circuler sur plus 90 kilomètres en silence, en mode électrique, sur les routes vallonnées et tortueuses des environs de Florence, en Italie. Contrat rempli. Les performances, avec une puissance cumulée de 272 ch (une version 204 ch est proposée aussi, à 51 345 €), se révèlent très convaincantes batterie pleine, et encore suffisantes quand les électrons se sont envolés. Les impressions de conduite sont bonnes, avec une direction directe et précise, à la consistance ajustable, qui ne pèche que par le manque de ressenti qu’elle délivre.
L’espagnole montre aussi un comportement plutôt dynamique malgré le poids et profite d’une régénération réglable (depuis l’écran tactile, mais pas depuis les palettes au volant) disposant d’un mode automatique ralentissant efficacement, et en douceur, le véhicule selon la topographie et le trafic. En prime, l’amortissement piloté (en série sur la finition VZ indissociable du eHybrid 272) montre un calibrage très cohérent et une large amplitude de réglages. Au chapitre des déceptions, le dosage à la pédale de frein semble parfois changeant, au détriment de l’agrément, et la transmission DSG6, à qui il arrive de rétrograder sans raison en conduite dynamique, transmets aussi quelques à-coups.
A bord, les changements se résument à l’arrivée d’un grand écran de 12,9 pouces, semblable à celui de la nouvelle Golf, qui intègre une planche de bord initialement reprise de la Leon. Le multimédia se montre plutôt bien pensé et intuitif, mais on aimerait davantage de boutons physiques sur la partie basse, par exemple pour sélectionner les modes hybrides ou 100 % électriques. L’ambiance demeure sportive, avec cette couleur cuivre omniprésente et chère à Cupra, ainsi qu’un volant bardé de deux touches satellites ; à gauche pour les programmes de conduite, à droite pour le démarrage et l’arrêt du moteur.
Ce SUV plus bas que la moyenne reste un modèle polyvalent et capable d’embarquer à l’arrière des adultes de bonne taille. Malheureusement, le coffre, qui ménage une vaste surface plane une fois les dossiers 60/40 repliés, perd jusqu’à 105 litres de capacité en version PHEV, se limitant donc à 345 litres. Il faudra donc compter ses bagages pour les week-end… et ses économies avant de passer à l’acte. Si l’autonomie électrique impressionne, et si le surcoût de la technologie PHEV peut être partiellement compensé pour les véhicules de société par les avantages administratifs (qui ne devraient pas être reconduits en 2025), le tarif de cette version 272 atteint des sommets : 57 135 €, soit environ 4 000 € de plus que l’ancien PHEV 245 ch. En comparaison, un nouveau Peugeot 3008 PHEV à équipement comparable montre des prestations mécaniques en retrait, mais abaisse la facture de plus de 10 000 €. Mais quand on aime…
Fidèle à ses principes et agréable à manier, ce Formentor généreusement remodelé se révèle très convaincant en version PHEV, avec une autonomie électrique exceptionnelle. Mais son tarif fait froid dans le dos.
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On aime moins
GAMME PROPOSÉE (Cupra Formentor)
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Potentiels concurrents
- Peugeot 3008, PHEV 195 ch, à partir de 40 990 €
- Mercedes GLA 250e, PHEV 218 ch, à partir de 54 850 €
- Kia Sportage, PHEV 245 ch, à partir de 45 440 €
Autant commencer par ce qui fâche : un tarif épicé. Mais le Cupra Formentor, devenu méconnaissable avec sa face avant entièrement revisitée, reste une valeur sûre : un SUV compact agréable au quotidien, richement équipé et, dans cette version hybride rechargeable, doté d'une autonomie électrique exceptionnelle.