Introduit en début d’année 2024, le “ZEV Mandate” (pour Zero Emission Vehicle Mandate) est une politique anti-pollution stricte au Royaume-Uni qui contraint les constructeurs automobiles à vendre un certain pourcentage de véhicules électriques chaque année. Le but est de réduire la part de véhicules à moteur thermique afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Au Royaume-Uni, cette politique est extrêmement sévère, puisqu’elle oblige les constructeurs à vendre au moins 22 % de leurs véhicules neufs avec une motorisation électrique dès 2024, pour attendre 80 % en 2030. La part des utilitaires légers électriques doit atteindre 10 % pour chaque constructeur concerné. Ces quotas difficiles à tenir obligent les constructeurs à certains ajustements, comme l’arrêt de modèles thermiques pour forcer les clients à se tourner vers leur gamme électrique. C’est le cas chez Peugeot par exemple, qui va arrêter la commercialisation de la Peugeot 508 de l’autre côté de la Manche en décembre alors qu’elle continuera sa carrière chez nous.
Si les objectifs ne sont pas atteints, les constructeurs s’exposent à de grosses amendes pouvant aller jusqu’à 15 000 livres (environ 18 000 €) par véhicule vendu au-delà du quota. Cela explique donc les stratégies de restructuration des gammes chez les constructeurs, et les politiques de rabais pour attirer le client vers l’électrique. Mais cela ne suffit pas !
Forcer les acheteurs ne fonctionne pas
Comme dans le reste de l’Europe, les clients semblent attentistes et pas forcément prêts à basculer vers le tout-électrique à cause de plusieurs freins : prix élevés, autonomie parfois juste, recharge chère et réseau de charge peu uniforme selon la région, risque de forte décote, risque d’obsolescence rapide… Forcer les acheteurs à basculer vers l’EV mais en coupant la plupart des aides à l’achat ne semble donc pas la bonne stratégie.
Les constructeurs l’ont compris à leur dépend, et militent pour un report ou un ajustement de ces mandats ZEV. Et le gouvernement l’a visiblement compris ces derniers jours. D’après nos confrères de Bloomberg, le secrétaire d'État au Commerce et aux Affaires Jonathan Reynolds a déclaré lors d’un événement de la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT) : “Le ministre des Transports et moi-même avons bien compris que vous aviez besoin de soutien pour faire de cette transition un succès”. L’homme indique vouloir consulter les constructeurs “sur les changements à apporter au mandat ZEV” et leur demandera leur avis “sur les options possibles pour une meilleure voie à suivre”.
Un gros défi pour le secteur automobile
“Ce secteur est aujourd’hui confronté à des défis plus importants qu’à aucun autre moment au cours des 50 dernières années”, a déclaré mardi M. Reynolds. “Les nouvelles de Ford la semaine dernière (NDLR : 4 000 suppressions d’emploi prévues en Europe) et que j’ai reçues aujourd’hui de Stellantis (NDLR : fermeture de l’usine d’utilitaires de Luton près de Londres) ne font que confirmer ce que nous savions déjà sur l’ampleur de ces défis. Mais elles n’en sont pas moins douloureuses”, a-t-il indiqué.
Même son de cloche chez les constructeurs, qui appellent à une action urgente de la part du gouvernement. Nissan, par exemple, a récemment publié un communiqué en ce sens. Selon le constructeur, “ce mandat risque de compromettre l’intérêt économique de la production automobile au Royaume-Uni, ainsi que la viabilité de milliers d’emplois et de milliards de livres sterling d’investissement. Nous devons maintenant voir le gouvernement prendre des mesures urgentes d’ici la fin de l’année pour éviter un impact potentiellement irréversible sur le secteur automobile britannique”. Pour mémoire, le constructeur japonais dispose de la plus grosse usine automobile du Royaume-Uni à Sunderland, où est fabriqué le Qashqai et où seront produits trois futurs véhicules électriques.
Photo : DR.
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Pour résumer
Engagé dans un plan stratégique d’électrification à marche forcée avec des règles très contraignantes pour les constructeurs automobiles, le gouvernement britannique semble revenir sur sa décision en voyant que le public n’accroche pas et que l’industrie est en péril…