C’est un rapport qui risque de faire mal à la tête à certains constructeurs. Amnesty International a publié un document de 16 pages intitulé “Rechargeons les batteries des droits humains”, une sorte de point d’étape de l'évolution des pratiques des constructeurs de batteries électriques, qu'Amnesty alerte depuis de nombreuses années sur le respect de l'environnement et des droits humains.
En préambule, l’ONG concède que “la transition vers les véhicules électriques pourrait contribuer à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre”, mais note en parallèle que “la demande croissante de véhicules électriques [...] menace d’aggraver les atteintes aux droits humains dans le secteur minier.”
Car pour concevoir des batteries électriques, les constructeurs ont besoin de matières premières telles que le cobalt, le cuivre, le lithium et le nickel, qu’ils récupèrent souvent en Afrique ou en Asie dans des conditions loin d’être optimales. Amnesty alerte sur ce problème depuis 2016 et l’ONG a appelé le secteur en 2019 à “rendre ses batteries propres” dans un délai de cinq ans.
BYD épinglé par Amnesty
Nous voilà cinq ans plus tard, l’heure de dresser un bilan. Le rapport reconnaît qu’il est “indéniable que certains progrès ont été réalisés” et que “de nombreux constructeurs ont pris des mesures positives”. Mais pour évaluer les entreprises, Amnesty a mis en place un classement pour juger les 13 principaux constructeurs mondiaux de véhicules électriques sur leurs politiques et pratiques de diligence requise en matière de droits humains. Sur le barème de 100 points, “aucune entreprise n‘a obtenu un score proche des 90 points qu’il était possible d’obtenir ni n’a obtenu un score dans la tranche la plus élevée”
Le rapport pointe clairement BYD comme le mauvais élève. Le leader mondial des véhicules électriques obtient un score de 11 sur 100. “L’entreprise n’a pas apporté de preuve d'adéquation avec les normes internationales”, explique Amnesty. Comme BYD, Mitsubishi (13/100) et Hyundai (21/100) “n’ont fourni que peu voire aucune information faisant état d’une véritable diligence requise”. Les trois constructeurs sont par ailleurs les seuls “n’ayant pas répondu aux conclusions d’Amnesty International”.
Les meilleurs élèves sont Mercedes (51) et Tesla (49), dont Amnesty salue la transparence. “Tesla a révélé les noms des mines auprès desquelles elle se procure du cobalt, du nickel et du lithium, notamment des mines en RDC, au Canada, en Nouvelle-Calédonie, en Australie et au Chili, se posant en modèle pour les autres entreprises.”
Le classement d'Amnesty International des politiques et des pratiques requises en matière de droits humains des 13 plus grands producteurs mondiaux de batteries électriques les classe de la sorte :
- Mercedes-Benz - 51/100
- Tesla - 49/100
- Stellantis - 42/100
- Volkswagen - 41/100
- BMW - 41/100
- Ford - 41/100
- GM - 32/100
- Renault - 27/100
- Nissan - 22/100
- Geely - 22/100
- Hyundai - 21/100
- Mitsubishi - 13/100
- BYD - 11/100
Podcasts à la une
MEN LIFE
En bref
Amnesty International a dévoilé un rapport intitulé “Rechargeons les batteries des droits humains” dans lequel elle s’en prend aux constructeurs de véhicules électriques. Ils sont notamment accusés de causer “des atteintes aux droits humains et des préjudices environnementaux dans le monde entier.”