Essai Ford Capri : de la suite dans les ID

Son nom fera jaser, ses origines aussi. Voici la Ford Capri, nouvelle venue dans l’univers des SUV électriques.
Son nom fera jaser, ses origines aussi. Voici la Ford Capri, nouvelle venue dans l’univers des SUV électriques.
Il était (encore) là. Souriant, sympathique et disponible. Après une présence très remarquée à la première apparition du Capri, à Londres, puis un passage sur le stand Ford du Mondial de l'automobile, à Paris, Eric Cantona réapparaît à Marseille. Là, se déroulent alors les essais réservés à la presse de ce nouveau SUV électrique. Pourquoi un tel ambassadeur ? Ford "a fait appel à une légende pour le retour... d’une légende". L’ex numéro 7, qui désormais œuvre en tant que comédien, en est une, notamment au Royaume-Uni et, plus particulièrement, dans son club de Manchester United. C'est un peu moins évident pour la Capri, née sous la forme d'un coupé en 1969, qui toutefois a marqué quelques générations d’automobilistes. Mais – c’est presque une tradition maison – Ford réutilise cette appellation pour un profil n'ayant rien de commun avec le modèle originel.
Rien ? Il y a bien, pour évoquer le coupé d'antan, une fausse calandre, matérialisée par un masque noir, une chute de toit à 18° derrière l'habitacle (le top du top pour l'aérodynamique selon Ford) et une vitre de custode reprenant le dessin d'époque. Mais le reste ne doit rien au passé et provient en partie de chez Volkswagen : la Capri, comme son jumeau technique Explorer dont elle reprend notamment les quatre portes, repose sur une plate-forme d’ID.4. Il ne s'agit toutefois pas d'un clone, comme l'illustrent les autonomies annoncées : jusqu'à 627 kilomètres entre deux recharges pour la version 2WD, quand l’allemand culmine à 572 kilomètres. Cette version du modèle Ford à roues arrière motrices, au catalogue aux côtés d’une déclinaison 4x4 portant la puissance de 285 à 340 ch, devrait représenter la majeure partie des ventes, réalisées à environ 60 % auprès des professionnels selon les prévisions de la marque.
Pour cette autonomie généreuse, supérieure sur le papier à ce que propose la Tesla Model Y, Ford reprend la batterie 77 kWh de Volkswagen (elle est fournie par CATL) et lui associe un moteur de nouvelle génération, contribuant à une consommation électrique très maîtrisée : 14 kWh/100 km selon la norme WLTP avec les jantes de 20 pouces de la finition Pack Premium, 15,9 kWh/100 km selon nous, par 18°C, à un rythme régulier, normal et sans excès, mais sans effort particulier d’éco-conduite. Une première satisfaction pour ce véhicule qui, comme une Tesla, ne se démarre pas : il suffit de s’installer à bord, clé dans la poche, et de presser la pédale de frein pour réveiller le moteur. Même logique en fin de parcours ; on s’arrête, on presse le bouton P puis on descend, et le Capri s’endort…
A cela s’ajoutent des prestations routières convaincantes. Le poids, comme toujours sur les SUV électriques, se ressent à rythme soutenu. Et en dépit d’une certaine raideur de suspension à basse vitesse (pas d’amortissement piloté ici), d’une visibilité déplorable en trois-quarts arrière et d’un manque de consistance de la direction, l’engin reste agréable, plus plaisant qu’une ID.4. La Ford se révèle maniable, d’un gabarit facile à évaluer, confortable aux allures usuelles, évidemment silencieuse et génère des accélérations et reprises très satisfaisantes. Avec elle, on se laisse aller sereinement, en passant d’un mode de conduite à l’autre selon l’humeur, par exemple pour faire évoluer la régénération au lever de pied et la consistance de ladite direction, toujours un peu trop légère.
Ford a fait l’impasse sur les palettes, au profit d’un mode B sur le levier de transmission, au volant, qui permet d’amplifier sensiblement la décélération lorsque l’on relâche l’accélérateur, au bénéfice de la régénération d’énergie. La puissance de charge maxi, en AC, s’établit à 11 kW, tandis qu’elle grimpe à 135 kW en courant continu (DC), faisant passer le niveau de charge de 10 à 80 % en 28 minutes selon Ford ; une donnée que nous n’avons pas pu vérifier.
Volkswagen, le SUV “coupé” de Ford profite d’une présentation intérieure distincte – toutefois partagée avec l’Explorer – qui se contente d’un petit mais lisible afficheur de 5,3 pouces derrière le volant, et a le mérite d’assumer le “tout-tactile”. Les boutons physiques se font rares mais, à quelques détails près, parmi lesquels le réglage du volume sonore, tout reste facile à appréhender. Les boutons tactiles de l’écran, en format vertical, apparaissent suffisamment gros pour être repérés facilement et utilisés en roulant. Même la désactivation des assistances à la conduite – un sujet important sur les nouveautés – se fait plutôt aisément, après trois mouvements de l’index depuis cet écran… qui cache un rangement. Coulissant en partie basse, il se redresse et laisse alors apparaître un petit coffret très discret, introuvable pour les non-initiés.
L’habitabilité s’avère généreuse, aussi bien en garde au toit à l’arrière qu’en espace aux jambes, mais on regrettera la qualité très quelconque des contre-portes arrière, au plastique rigide et sensible aux rayures ; un point qui ternit une finition pourtant sérieuse. Le coffre, pas loin d’entrer dans la catégorie des géants avec 572 litres de capacité, profite d’un plancher amovible pour générer une vaste surface plane une fois les dossiers arrière 60/40 repliés.
Le niveau d’équipement, quant à lui, apparaît très complet dès la finition d’accès (sièges avant chauffants, accès/démarrage “mains-libres, planificateur d’itinéraire, siège conducteur électrique…), même s’il faut piocher dans le catalogue des options pour dénicher le Pack Aide à la Conduite (1 800 € avec caméra à 360°, aide au changement de voie, affichage tête-haute, hayon motorisé) et, pour ceux qui habitent dans une région vraiment froide, la pompe à chaleur (1 150 €). Cette dernière, à Marseille, demeurera inutile. Mieux vaut donc garder ses sous, pour compenser en partie l’absence de bonus sur cette version Range Extended (49 400 €, soit 2 500 € de plus qu’un Explorer), ou pour les investir dans une teinte de carrosserie, le joli mais voyant “Jaune Vivid” étant la seule couleur gratuite. Monsieur Cantona qui, paraît-il, attend sa Capri, aurait-il choisi le rouge (900 €), comme son maillot d’époque ?
Sur un marché où les ventes de SUV électriques ne peuvent que progresser, le Capri dispose de sérieux arguments pour compter parmi les références, notamment côté autonomie. Dommage qu’il passe à côté du bonus…
On aime
On aime moins
GAMME PROPOSÉE (Ford Capri)
· Electrique, de 170 à 340 ch, de 46 400 € à 60 000 €
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Potentielles concurrentes
- Peugeot E-3008, électrique 210 ch/73 kWh, à partir de 44 990 €
- Renault Scenic, électrique 220 ch/87 kWh, à partir de 46 990 €
- Tesla Model Y Grande Autonomie, électrique 270 ch/79 kWh*, à partir de 46 990 €
- Volkswagen ID.4 Pro, électrique 286 ch/77 kWh, à partir de 45 990 €
* estimations
Essai plutôt concluant : sans révolutionner son genre, le modèle Ford se révèle plaisant, tout en offrant une consommation électrique mesurée, synonyme d'autonomie convaincante. Ajoutez à cela un habitacle bien conçu, des prestations routières plus qu'honnêtes et un vaste coffre, et vous voilà avec un SUV électrique figurant parmi les références du segment...